11 décembre 2008

Banlieua


A l'époque où je faisais pas mal la tournée des festivals amateurs avec MINIMUM, j'ai eu l'occasion de manger des kilomètres de courts fauchés, tournés en vidéo, avec des potes, et plus ou moins réussis.
Un truc que j'ai remarqué, et que j'ai commencé à trouver de plus en plus (involontairement) génial, c'est que c'est films, bien qu'il soient souvent des resucées de films pré-existants (comédie débile, film de kung-fu, d'action, film d'horreur légerement parodique pour excuser la pauvreté des effets, etc.) montraient des choses qu'on ne voyait pas dans le cinéma français "professionnel" (Léo me tuerait s'il lisait ce message).
En gros, ça montre la maison de papa-maman. Avec la toile cirée sur la table. Ca montre le petit quartier résidentiel de banlieue. Avec les 206 garées à cheval sur le trottoir. Et les petits plots.
J'ai repensé à ça en regardant CODE RADAMANTHYS ALPHA, un court amateur, l'autre jour. C'est de là que viennent les photos. Pour résumer, c'est une poursuite à tonalité mi-action, mi-fantastique. Mais au lieu de se dérouler à Brooklyn ou dans un canal asseché, ça se déroule dans une espèce de mini-banlieue résidentielle française quelconque et très vraie.
Et autant le cinéma américain est très suburban, autant le ciné français, peut-être grâce au poids démesuré de Paris dans sa production, reste très urbain. Ou alors carrément campagnard (Guiraudie), ou banlieue(chaude)sard (Rabah Ameur-Zaïmeche).
Mais ces petites baraques... ces petites rues un peu tranquilles... bidon et familières... finalement elles sont peu montrées. Sauf dans les courts amateurs, donc.

1 décembre 2008

Au cinéma j'ai maté MENSONGES D'ETAT


J'ai vu récemment MENSONGES D'ETAT de Ridley Scott. Bon déjà, je trouve le déchaînement d'avis mitigés un peu injuste pour ce film qui, s'il est clair qu'il fait redite (déjà avec deux autres films du même réa, KINGDOM OF HEAVEN et BLACK HAWK DOWN, qui abordaient des thématiques similaires avec un regard un peu détourné - mais aussi avec pas mal de films américains récents situés au Proche-Orient) est néanmoins assez sympathique dans sa construction et met en scène deux personnages avec une dynamique assez originale entre eux... et surtout servis par de très bons acteurs. Bon bref.

C'est donc un film situé en Irak, en Jordanie, etc, etc... On y parle d'Al-Qaïda, d'Islam, de Tikrit... on est en plein dans l'actualité.

Et pourtant malgré toutes ces références, y a un truc, un détail, qui plus que tout m'a vendu le réalisme de l'histoire et son ancrage dans le monde réel: en arrivant dans je-sais-plus-quel pays, Russell Crowe raconte son voyage et dit qu'il a regardé POSEIDON dans l'avion.

La phrase est jetée comme ça, on sourit brièvement de l'incongruité du truc venant d'un agent U.S. en mission, et on passe à autre chose. C'est même pas réellement une blague. Et pourtant cette petite phrase m'a tout de suite aspiré dans la fiction du film et m'a convaincu de sa réalité.

Le film est soudain daté (on est sans doute quelque part en mi/fin 2006), il se passe dans le monde réel... Ca a fonctionné super bien sur moi.

Plus tard, Russell Crowe raconte qu'il doit amener ses deux filles voir le spectacle LE ROI LION... une deuxième fois. Là, c'est une blague. On prend une référence populaire justement super connue et on la cite car on connaît l'effet de décalage et d'humour que ça va créer. C'est pas du tout le même mécanisme que la réf à POSEIDON.

Bref, ce qui m'énerve, et que j'envie, c'est cette décontraction américaine par rapport aux références à la culture pop jetées comme ça. Je parle pas de Kevin Smith ou autre qui ne vit que pour ça (références geeks jetées tous azimuts et qui sont le propos même du film, limite). Je parle de citer comme ça, à la cantonnade, un blockbuster plutôt méconnu et mal aimé d'il y a deux ans, sans même chercher à en faire un gag.

En France, j'ai l'impression qu'on ira tout de suite dans le truc super populaire ou connu ("J'ai maté les CH'TIS"). Ou alors dans le titre de film INVENTE pour justement créer une blague ("Mon curé chez les papous").

Citer POSEIDON dans ce contexte, c'est comme si dans un film français, un personnage disait "Dans l'avion j'ai maté MAUVAISE FOI". Ou "J'ai regardé TOUTE LA BEAUTE DU MONDE".

Des films plutôt récents, mais pas non plus vus de tous... Quand est-ce la dernière fois qu'on a vu ça ? Je prends évidemment ça en exemple pour parler d'un truc plus général qui est le non-ancrage des films français dans la culture réelle de leur temps. Je parle pas des films ultra-réalistes à la ENTRE LES MURS... mais juste des produits de divertissement qui se passent ici et maintenant et qui pourtant semblent complètement étanche à la réalité des petits détails de la vie.

Citer des vraies émissions de télé pas forcément les plus connues... citer des titres de films... de chansons... ou alors, évidemment - et ça c'est l'exemple ultime - des hommes ou des partis politiques. Pourquoi le Président du film éponyme ne voit-il pas le nom de son parti cité, alors qu'au même moment, aux Etats-Unis, THE WEST WING met en scène un gouvernement ouvertement Démocrate ?

Bref... petite anecdote pour finir. Je me souviens avoir maté un film américain où à un moment, à la question "Où t'as chopé ça ?", le personnage répond "On Amazon.". Le sous-titre français ? "Sur internet". Pourquoi ne pas citer le nom D'UN DES PLUS GROS SITES DE VENTE PAR CORRESPONDANCE DU MONDE ? Peur que les gens ne pigent pas ? Recherche du plus petit dénominateur commun ?

C'est chaud quand même.