6 janvier 2009

Pré-production

Ce triangle, on le connaît bien. C'est celui qui te tourne dans la tête constamment quand t'es en train de préparer un film.

Là, théoriquement (et même concrétement), je suis en pré-prod sur mon nouveau court-métrage. Alors évidemment j'ai toujours ce petit triangle en tête, sachant que je ne peux avoir que deux des trois pointes à la fois.


Je peux faire un film rapidement et économiquement, mais il sera nul.
Je peux faire un film rapidement et bien, mais il coûtera cher.

Je peux faire un film économiquement et bien, mais ça prendra du temps.

Evidemment, aucune des trois options n'est pleinement satisfaisante. Sachant que j'ai peu d'argent, je peux pas faire travailler les gens longtemps. Rien que ça, ça fout tout en l'air. Donc something's gotta give (tout peut arriver heuheuheu) et il faut sacrifier un peu de tout, en essayant de sacrifier le moins possible la qualité.

C'est un jeu de vase communiquant constant. Et mine de rien, c'est assez exaltant.


Ce qui est bien dans cette histoire, c'est que je sens énormément de bonne volonté autour de moi. Guillaume est bien remonté. Les gens chez qui on va tourner, autrement dit la mairie de Marcoussis, sont adorables et très ouverts. Je suis en train de constituer une bonne petite équipe régie. J'ai une copine que j'aime beaucoup en scripte. J'espère avoir mon pote Clément en assistant. Donc tout va bien.

Alors évidemment cette pré-prod ne ressemble pas à ce fantasme que moi le cinéphile geek peut en avoir. Autrement dit, être Peter Jackson et arriver chez Weta, regarder des dessins trop bons aux murs, corriger un truc sur un maquillage d'Orque, et ensuite descendre dans une salle de réunion cossue ou une armée d'assistants est en train de marteler le plan de travail, avant de m'envoler pour tchater avec Elijah Wood dans un restaurant d'hôtel.


C'est plus roots (ouais l'expression de l'ancien temps), mais pas moins exaltant. Evidemment, tout est long à faire (se déplacer, attendre les réponses, faire venir les gens). Mais quand on sent qu'on a des gens avec soi, qui sont embarqués dans l'aventure à tes côtés, tout est plus facile.

Ce qui est chiant par contre, c'est qu'il me faut lutter un peu contre l'impression que j'ai de gêner. C'est horrible ça. Tout à l'heure j'ai visité un collège où on va peut-être tourner. Donc la directrice, super serviable, nous promène à travers les lieux en nous montrant les différentes salles, etc. Moi j'avais un caméscope sur moi et à chaque fois j'allais vite fait faire quelques plans dans la salle pour en avoir un bref rendu à l'image. Mais toujours j'avais peur de faire chier les gens qui m'attendaient, qu'ils s'ennuient, qu'ils se disent "Déjà lui on vient l'aider et en plus il nous fait attendre"...


Alors que non. Enfin, j'ose espérer que non. Mais c'est chaud. C'est dur de faire son truc, paisiblement, sans commencer à se mettre des barrières psychologiques. Se convaincre qu'on fait chier les gens. Peut-être que c'est ça la vraie confiance en soi ?

Je sais que quand je dirige des acteurs, j'ai toujours du mal à leur demander de faire beaucoup de prises. Et évidemment je sais que j'ai tort, mais bon.


Bref, tout ça pour dire que je sens beaucoup de bonne volonté et que ça me fait énormément plaisir. Là on va booster les choses vu qu'on tourne dans un mois et demi. Mais tout va bien, je me sens bien, et ça fait plaisir.

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