Nicolas Saada dans le dernier numéro de Trois Couleurs: "Je n'arrivais pas à imaginer [le film d'espionnage] dans une autre langue que l'anglais. Il me serait impossible de filmer un type dans une voiture à Paris avec un téléphone en train de dire: "Je veux du renfort à la station Eglise d'Auteuil!" "
Je pense que tout est dit.
On arrive pas à imaginer la plus basique des réplique de film d'action dite en français... comment alors arrivera-t-on à imaginer quoi que ce soit d'autre ? "Je n'arrivais pas à imaginer représenter une figure politique réelle dans mon film!!", "Il me serait impossible de filmer..." - insérez ici n'importe quel exemple que vous voulez.
Quand je me fous de la gueule gentiment du ciné hexagonal avec la sempiternelle réplique "C'est français!", on pourrait dire que je suis en mode "haine de mon pays"... J'ai presque envie de dire que c'est... tout le contraire.
En France, on est quand même champions du monde de la haine de soi. Et pour moi la phrase de Saada, aussi anecdotique soit-elle, en est un bien bel exemple. Voilà l'incarnation parfaite de cette espèce de timidité vis-à-vis du cinéma anglo-saxon, cette peur de s'assumer soi-même, de laisser volontairement le champ libre aux autres pour tenter les plus petites des audaces.
Si les réals français eux-mêmes ne peuvent pas imaginer le français comme langue de film d'action, personne ne va le faire à leur place... Et ça va pour tout le reste.
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